En arrivant au PGHM de Savignac à l’automne 2015, j’avais encore un vague souvenir d’une voie en terrain d’aventure, plutôt sérieuse, parcourant une paroi verticale, haut perchée sur les falaises du Quié (de Sinsat). Cette voie, c’était la Pascal, ouverte à l’ancienne, avec le niveau de l’époque, beaucoup de spits dans les parties dures et plutôt en mode « gladiateur mystique » dans les parties moins dures.
Les spits avaient vieillis, mais pas la ligne !!! Les collègues du PG avaient rééquipé les relais en 2013 et il restait encore un peu de travail pour rééquiper le reste, les points d’origine, plantés au tamponnoir, commençaient à bien ressortir…
Nous voila donc partis pour sécuriser un peu la voie en changeant quelques vieilles plaquettes par des neuves, remplacées aux mêmes endroits, sans modifier le caractère engagé de la chose.
Et au vue de la facilité avec laquelle certains points ont sauté, bien des grimpeurs ont eu un petit sursit en escaladant la Pascal !!!
Pendant cette ascension, nous remarquons des cordes fixes qui pendent, lamentablement, telles des drapeaux de prière népalais, tous déchiquetés par les assauts du vent. Un vieux sac jaune
d’équipement attire aussi notre œil. On dirait un vieux projet de voie, depuis longtemps abandonné…
L’enquête faisant partie de nos prérogatives. Nous questionnons les anciens du PGHM, véritable mémoire vivante des activités montagnardes ariégeoises… Ils nous orientent vers un certain
Bernard MOITRY, sans autres précisions. Avec un nom, à l’heure d’internet et en se présentant gentillement, on arrive vite à remonter la trace de Bernard.
C’est bien lui qui avait un chantier dans cette partie de la Pelle mais il nous apprend pudiquement que des problèmes personnels l’ont obligé à laisser son projet inachevé, sans jamais pouvoir y revenir… Malgré tout, il est très content de mon appel et nous autorise à finir sa voie, à la condition que nous gardions le nom d’origine : « Plus près des étoiles » !
Il nous transmet un petit topo et les bribes d’informations qu’il lui reste, il nous transmet aussi le goût de l’ouverture dans cette face par l’emploi de qualificatifs comme « Magnifique », « Rocher solide », « Ambiance exceptionnelle » !
Il aura fallu attendre encore quelques mois de plus pour que le projet se concrétise… Je vous passe les détails de repérage, de préparation des sacs, du matériel et de conditionnement de mes compagnons de cordée plus enclins à aller grimper, torse nu, par ce bel automne, sur les falaises (déjà) aseptisées(…) qu’à aller faire un peu de nettoyage pendu dans un baudrier toute la journée.
Au final, cela ne nous aura demandé que 2 jours de travail, en équipe constituée (détail comme suit…). Le résultat est à la hauteur de mes espérances avec des longueurs dures, d’autres plus faciles, du bon rocher dans l’ensemble, parfois exceptionnel, parfois étrange mais jamais exécrable, et une ambiance qui est effectivement intimidante, surtout dans le haut !
Pour résumer, le premier jour, nous avons attaqué du haut, de bon matin, après une longue et douloureuse (pour les épaules ;-))marche d’approche avec tout le matériel, soit 250m de cordes, quelques spits et autres amarrages… S’en suit une rapide préparation du matériel au sommet de la voie : c’est PARTI !!
Effectivement, Bernard Moitry ne nous avait pas menti, l’ambiance est vertigineuse… On attaque le BTP, il n’y a pas trop de blocs à faire tomber, justes quelques uns qui « pellent » un peu les arbres du bas de la face à la réception d’une chute sans toucher la paroi, c’est dire si c’est raide !!!
Après la descente, le repérage des longueurs, la mise en place des relais et de quelques points de progression, il faut bien remonter !
Puis pliage des cordes au soleil couchant, fatigué mais heureux !!!! Ou peut-être heureux d’être fatigué….
Coup de radio à la base et SMS à Madame, pour qu’elle nous garde un peu a manger !!!!
De toutes façons, il faudra revenir...
***
Quelques jours plus tard, l’anticyclone n’ayant toujours pas bougé, nous retournons dans la paroi, avec une équipe un peu plus étoffée et une stratégie différente. Nous attaquerons du bas…
Le sentier d’approche est toujours un grand moment qui ne laisse pas les chaussures indifférentes; elles finissent toujours pleines de feuille, de terre et autres branchages !!!
Puis encore une remontée sur les cordes fixes, cette fois en grattant les prises, en essayant les pas d’escalade et en rajoutant quelques points de protection. La raideur de la parois nous permet de travailler les uns au dessus des autres.
Les équipeurs du bas ne finissent pas forcément tout noir de terre car les vents thermiques de la face forment des tourbillons de poussière qui montent le long de la falaise et la redéposent à l’endroit précédemment nettoyé...
Heureusement, les couleurs chaudes de l’été indien nous font oublier que nous somment au tout début du mois de janvier et que le matin, ça caille !!!
Nous finalisons cette journée par de vrai essais dans les longueurs. Et c’est vraiment bien dur pour nous !!! Mais carrément super classe !!!
Nous démontons le chantier, tout est laissé clair, propre, prêt à accueillir des hordes de grimpeurs.
Nous récupérons les vieilles cordes fixes que nous découpons en petits morceaux pour remplacer celles bien pourries de la marche d’approche et du socle de la pelle.
La journée fini comme elle a commencé, à la pointe du jour , toujours « Plus près des étoiles » J’ai pas pu m’en empêcher ;-)
Un grand merci à tous ceux qui ont participé à l’ouverture de cette belle voie : D. Garcia, F. Trotzier, W. Foucaud, E. Fourcade pour l’équipement de la 2ème phase et B. Moitry avec C. Ostench pour les infos et la partie amont de la voie et sans oublier le PGHM de Savignac pour la logistique !!!
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Greg (jeudi, 09 mars 2017 20:32)
Superbe récit, ça donnerait envie, mais j'ai pas le niveau ^_^
Bernard Moitry (vendredi, 10 mars 2017 09:19)
Bonjour frères d'armes.
Bravo encore les gars.
Dans 1 mois j'ai cinquante ans et vous me faites avant l'heure
un super cadeau d'anniversaire quand je vois la passion que vous
avez.
Au plaisir de vous voir en chair et en os.
Bonne journée.
Bernard Moitry.