Précédemment en raid dans les Encantats, nous avions pour lointain projet une grande traversée de la crête frontalière du Couserans jusqu’en Haute Ariège. La connaissance précise de nos vallées, de nos sommets les plus isolés étant une obligation dans le métier de Gendarme – secouriste en montagne , nous nous devions de faire une petite virée en montagne hivernale et sauvage…
La météo de la semaine du lundi 02 avril au jeudi 05 avril 2018 était pour le moins compliquée. Nous avons, comme bien souvent, changé plusieurs fois d’objectifs, passant du Mercantour à Chamonix, de l’ouest des Pyrénées au Canigou, pour finalement décider de tenter notre chance chez nous, en Ariège !
Nous partons donc en direction du refuge de l’Arraing, plein d’entrain le lundi à 6h du PG avec une météo qui s’annonce bonne pour la journée puis une franche dégradation les jours suivants et le retour du beau le jeudi uniquement…. Bref, pas terrible !!!
J1 : Départ du Mourtis à 8h, fin fond de la vallée du Biros, déjà le vent du Sud est fort… Le vacarme des rafales dans les branches, nous rappelle le passage du métro toulousain….. Ça va donner !!!!!
Nous changeons notre programme de départ qui était de dormir au refuge de l’Arraing et de traverser versant sud du Maubermé le lendemain. Au vue de la météo, nous allons tenter le coup aujourd’hui… Nous passons donc au col des Cos, descendons dans la vallée de l’Arraing et chaussons enfin les skis après quasiment 3 heures de portage, juste au-dessus de la cabane d’Illau. Nous gravissons le col qui mène au Bentaillou dans des conditions franchement difficiles , avec des rafales à 100km / h… Puis nous descendons et remontons vers le port de la Hourquette dans une atmosphère étonnamment assagie !!! Décision est prise de ne pas rester sur les crêtes mais de «s’échapper» versant espagnol pour rejoindre la petite cabane deth Horcalh.
Environ 10h de marche et 2100m de dénivelée positif pour cette première journée !
J2 : Départ de la cabane vers 6h15 direction le refuge Fornet, au bout de l’immense vallée de l’Alta Pallaressa, très sauvage, après environ 15km de ski ... de fond... on déchausse pour marcher sur la route…. Puis on remonte une vallée où un sentier devrait permettre de passer facilement vers le pas de la Corneille et le versant sud du Mont Roig (ou Mont Rouch en français), malheureusement, David qui avait fait la traversée des Pyrénées par le HRP quelques années avant, avait un vague souvenir d’une section un peu « combat » dans les bois, surtout avec les skis sur le sac !!! On fini quand même par sortir du bois dans de très belles pentes de neige mais les nuages qui défilent vite ne laissent pas de place au doute quand aux conditions que l’on va rencontrer un peu plus haut…… Petite pause au refuge Mont Roig, où une partie du groupe serait bien restée…… Mais une fois de plus, changement d’idée, ce sera plus confortable de dormir en bas, sans neige… Nous repérons sur la carte un village abandonné, on trouvera bien une grange pour passer la nuit !!!!
Mauvaise idée, tout est fermé, pas moyen de dormir à l’abri et la météo pour la nuit et le lendemain annonce une perturbation…..
David avait (encore lui) le souvenir d’une cabane 500m plus haut, sûr à 95 % qu’il nous dit !!!!!!
Après encore 1h de marche combat et ski dans la soupe de cette fin d’après midi, nous débouchons sur le plateau de la soit disant cabane…… Forcément, on est dans les 5 % !!!!!! pas de cabane, il faut continuer pour ne pas avoir à dormir dehors avec le vent tempétueux qui ne nous quitte plus…
Allez, encore 500m pour passer le col de Certascan et arriver enfin au refuge de Certascan à 19h15.
Longue, très longue journée, 13h de marche et 2800m de dénivelée positive!!!!!!
J3 : La nuit est agitée, le refuge subit les assauts du vent !!!!! Mais au matin, le vent a faibli, avantageusement remplacé par un épais brouillard et quelques centimètres de neige….
Nous passons le col de l’Artigue grâce aux performances de nos GPS !!!!
La descente versant nord est très agréable car le vent bloque les nuages versant espagnol et il fait beau coté français !!
Pour info, en hiver, la passerelle qui permet de franchir l’Artigue est démontée…. Les techniques différent pour passer l’imposant torrent. David et Vincent tentent leur chance avec les chaussures de ski, avec plus ou moins de bonheur (mais ils savaient tous les deux qu’ils allaient changer de chaussures un peu plus loin!!!!), Axel et moi, nous optons pour un bain de pied, efficace mais douloureux (l’eau à 4 °C, ça fait mal).
Nous laissons Vincent au parking de l’Artigue, ou plutôt, il nous abandonne pour des raisons de service.
Nous repartons à 3 vers Soulcem et la petite cabane d’Estret.
Presque une journée de repos…. 7H de marche pour 1000m de dénivelée positive
J4 : Last but not Least
Départ matinal vers 6h30, montée au port du Rat (700m) , descente sur la station d’Arcalis, beau contraste….. Montée à la Portella de Rialb (650m), descente puis montée au Port de Banyell (500m) , nous croisons de nombreux randonneurs, cela fait bizarre après plusieurs étapes sans voir aucune trace de ski, il est vrai que cette partie des Pyrénées se prête vraiment à la pratique.
Nous traversons versant nord du pic de Serrere pour rejoindre de le col de l’Homme mort (400m de plus avec les petites remontées). Nous skions son versant Est pour remonter en face, skis sur le dos à cause de la pente et de la neige bien dure, jusqu’au col de Mirabail (250m). Nous poussons sur les bâtons pour rejoindre le Plat des Peyres, labouré par les traces de motoneige venus d’Andorre ……. Pratique peu respectueuse et heureusement interdite en France !!!
Le soleil nous assomme lors de la montée au refuge du Ruhle et nous rejoignons péniblement le col des Calmettes (600m). Puis, de moins en moins vite, nous gravissons la Pyramide de Lherbes et enfin le sommet du Rébenty (400m) . Nous descendons vers Bonascre par les pistes de ski fermées mais bien damée. La neige molle et collante fini de nous atomiser !!!!!!
Arrivée sur le parking de la station à 16h30, après 10h d’effort, 3500m de montée et un bon paquet de kilomètres.
Bilan :
Le nombre de cols, de vallées et de kilomètres parcourus est imposant mais nous retiendrons 3 choses de ce raid :
- la montagne hivernale, le long de cette crête frontière est vraiment magnifique !
- le raid à ski en autonomie totale, c’est fatiguant mais beaucoup de cabanes et refuges confortables jalonnent l’itinéraire.
- la marche en chaussures de ski sur la route, ça fait mal aux pieds !!!!!!